La semaine dernière une jeune femme de mes connaissances, brillante, multi-diplômée, me dit se penser spontanément Belge plutôt qu’Européenne. Cela me touche au cœur, je bondis, j’ai envie de partir en campagne !

Mes parents ont connu la dernière guerre mondiale, mes grands-parents les deux dernières. Ils nous en parlaient. Nous en voyions les traces : parole de ceux qui avaient connu les camps, parole de résistants, respect lors des commémorations, …

Mais surtout ouverture : l’Europe se construisait, celle de l’Ouest d’abord, dont de grands hommes d’état défendaient les valeurs, par-dessus la barbarie et les décombres.

Parmi les traces si impressionnantes pour nos esprits d’enfants, il y avait le rideau de fer. Nous vivions à quelques encablures des miradors, du bon côté … on nous racontait l’histoire de ceux qui tentaient de passer et se faisaient abattre. Même des enfants, disait-on. J’ai tant aimé ce film de Spielberg, en 2015, avec Tom Hanks : Le pont des espions. Mais qui le comprend aujourd’hui ?

J’ai connu cette atmosphère. Je me rappelle ce voisin allemand réfugié de l’Est, dont toute la famille était de l’autre côté, et qu’il n’avait pas vue depuis si longtemps. Je n’étais qu’une gosse, mais je vois encore parfaitement son visage triste.

Quand le mur est tombé, j’ai pleuré d’émotion. Rostropovitch jouant du violoncelle … la foule qui détruisait et escaladait le mur, et les gardes qui renonçaient à la violence. Il y a bientôt 30 ans de cela, et presque 40 que Solidarnosc commençait à fissurer ce bloc de l’est tant redouté, avant ces phénomènes tout aussi incroyables de perestroïka et glasnost en URSS.

L’Europe a continué de s’ouvrir et de se construire, tant bien que mal. Le spectre de la guerre a reculé. Malheureusement pas certaines idéologies, prêtes à d’improbables aventures qui ne serviront jamais que quelques-uns.

Aujourd’hui, jeunes trentenaires qui n’avez pas connu tout cela, lisez les éditoriaux que reprend Le Soir ce 18 juin: Le Figaro, la Repubblica, Die Welt, Gazeta wyborcza, Tages Anzeiger … Comprenez ce que vaut l’Europe, ce qu’elle nous apporte, malgré ses errements et ses erreurs. Lisez ou relisez le « Debout l’Europe » de Cohn-Bendit et Verhofstadt, qui date déjà de 2012.  Intéressez-vous à l’Europe, ne laissez pas passer la chance d’en faire quelque chose !

Et nous, jeunes sexagénaires qui n’avons pas su nous montrer à la hauteur du rêve de nos parents, lisons et levons-nous tout autant : il n’est jamais trop tard pour transformer les rêves en réalité.

Les frontières de nos pays sont trop étroites pour jouer dans la cour des grands! Mais la parole et les actes comptent!

Publié le 28 juin sur ma page privée Facebook

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